Nous rencontrons ce mois-ci Philippe Beros, ingénieur-écologue, qui a fondé (1) en 2002 la société TRANS-FAIRE, agence de la qualité environnementale de l’urbanisme et de la construction. TRANS-FAIRE intervient régulièrement aux côtés de CODRA pour l’élaboration de PLU, notamment lorsque les exigences environnementales l’imposent ou pour des études d’impact.

CODRA: La qualité environnementale des projets urbains et des démarches d’aménagement est au cœur des préoccupations. Quel rôle joue TRANS-FAIRE à travers ses interventions sur le sujet et pour qui ?

TRANS-FAIRE intervient aux différentes échelles de l’aménagement. De la réflexion intercommunale au projet urbain de quartier ou d’îlot de type ZAC, notre intervention s’inscrit idéalement dans la continuité, jusqu’au projet de construction.

En complément, nous développons une compétence en management environnemental, en mettant en place des certifications environnementales et des procédures maîtrisées de gestion de l’environnement. Il peut s’agir de missions d’assistances à maîtrise d’ouvrage ou à maîtrise d’œuvre, par exemple pour le suivi environnemental de chantier.

Nous déployons certaines spécialités : non seulement la biodiversité, avec des expertises faune-flore et l’énergie avec des études sur le potentiel en énergies renouvelables d’un projet mais aussi l’acoustique, l’eau et le bioclimatisme.

Nous avons une culture d’ingénieur, partagée par une équipe multi-compétente. Notre approche est technique autant qu’humaine : la concertation occupe une place importante dans notre activité, notamment dans les projets de ZAC, sous forme de diagnostics en marchant, d’ateliers thématiques, d’expositions et d’évènements, afin de créer une culture commune autour de nos thématiques.

Nos clients sont assez diversifiés : des collectivités locales (communes, EPCI, Département, Région)  aux établissements publics d’aménagement ou aux sociétés d’économie mixte en passant par les aménageurs et les promoteurs privés.
CODRA: Parmi vos interventions en cours ou les plus récentes, quel exemple novateur pourriez-vous partager ?

Nous constatons que la perception de la biodiversité chez les promoteurs a évolué ces dernières années. Auparavant vécu comme une contrainte, le maintien ou le développement de la biodiversité au sein d’un projet urbain est devenu un argument commercial. Le groupe Bouygues a, par exemple, été à l’initiative du label Biodivercity expérimenté pour la reconversion du site Pernod Ricard à Créteil. Ce label, décerné en priorité à des opérations de renouvellement urbain, est maintenant porté par une association, le CIBI (2) . L’initiative a également reçu le soutien du Muséum National d’Histoire Naturelle, de Natureparif (Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France), de l’association HQE et de l’association Orée.

CODRA:Comment peut-on s’assurer de la pérennité des intentions et quel en est le coût ?

Il est important de travailler étroitement avec un paysagiste pour que biodiversité rime avec esthétique. Nous avons eu l’occasion de prolonger ce type de partenariat pour la mise en place d’un plan de gestion par type d’aménagement. Cette démarche permet de fournir à la future copropriété un outil « clé en main » pour la gestion de la biodiversité, sans garantie cependant quant à un suivi pérenne.Quel surcoût ? S’agissant de la biodiversité, le coût par rapport à l’activité de promotion immobilière est généralement un faux problème. D’une façon générale, il est intéressant de réfléchir en coût global et nous recherchons toujours la multifonctionnalité à l’échelle d’un projet entre biodiversité, gestion de l’eau, santé et énergie, soit le confort d’usage en général.

CODRA: Peut-on considérer que l’autorité environnementale joue aujourd’hui un rôle déterminant pour la prise en compte de l’environnement par les documents de planification et les projets urbains ?

Auparavant, il était très fréquent de voir réaliser une étude d’impact une fois le projet établi. Maintenant que l’avis de l’autorité environnementale est publié sur Internet, les maîtres d’ouvrage ont pris conscience de la nécessité de penser l’environnement en amont. La possibilité de solliciter un cadrage préalable par l’autorité environnementale y contribue aussi : elle permet d’engager un dialogue, de connaître d’éventuelles attentes particulières et donc de désamorcer d’emblée de futures complications. Les projets urbains ont tout à y gagner. Cependant, il est souvent plus facile d’échanger de façon informelle avec l’autorité environnementale ; un premier travail d’exploration des thématiques environnementales garantit des échanges fructueux.

CODRA:Le code de l’environnement le prévoyant, que peut-on penser d’une évaluation environnementale de PLU qui dédouanerait une future ZAC de réaliser une étude d’impact ?

Face à l’empilement actuel des procédures, l’idée d’une simplification est globalement bonne mais il ne faut pas confondre les échelles. L’affinement progressif d’une étude d’impact de ZAC (3) ne pourra jamais être compensé par une évaluation environnementale à l’échelle communale ou intercommunale. Par contre, réfléchir à des études d’impact thématiques pourrait être utile. Pourquoi traiter obligatoirement tous les thèmes alors que bien souvent, seulement une partie mérite d’être développée ?

CODRA:Quels enjeux se dégagent aujourd’hui pour une société comme TRANS-FAIRE ?

Avec l’environnement, nous sommes un relais entre les décisions des élus, la composition d’un urbaniste et la parole citoyenne. Notre rôle est aussi de transmettre les bénéfices de la recherche sur la ville et l’environnement. Nous effectuons une veille et sommes ainsi en situation d’injecter de l’innovation dans les projets urbains. C’est finalement le principe et l’originalité de TRANS-FAIRE : la transmission par l’action !

 

Propos recueillis par Catherine Brown et David Lizion

Le site internet de TRANS-FAIRE

 

(1)Avec Christophe Lanceau, ingénieur écologue, directeur associé

(2)Conseil International Biodiversité & Immobilier

(3)Dossier de création, dossier de réalisation, dossier type loi sur l’eau, dossier de DUP…