Frémissements ? Bouillonnements ? Difficile d’évaluer précisément l’ampleur du changement mais une chose est sûre : la mobilité se transforme. Plusieurs « signaux » le prouvent.

Tout d’abord, les habitudes de déplacements évoluent et en particulier le rapport à la voiture : coût du permis de conduire et de l’achat d’un véhicule, développement des véhicules hybrides et électriques, émergence des véhicules autonomes, augmentation de la location longue durée.

On voit aussi apparaître de nouvelles solutions de mobilité qui rencontrent un succès qui n’a pas été anticipé, ou du moins qui a été sous-estimé, par les professionnels de la mobilité. Le développement du covoiturage ou l’essor des lignes de car longue distance en sont deux illustrations.

Enfin, la mobilité se trouve souvent au cœur de l’actualité : ainsi, en cette rentrée 2016, les médias français ont fait une large place à des sujets tels que la piétonisation des berges et la journée sans voiture à Paris, ou encore aux nouveaux usages de la voiture à l’occasion de l’ouverture du Mondial de l’Automobile.

Percevant ces changements depuis plusieurs mois, nous avons voulu en savoir plus à l’occasion de l’assemblée générale de CODRA, précédée traditionnellement d’une balade urbaine. Cette année, nous avons donc passé la matinée dans les locaux de Numa Paris, à la découverte du programme Data City. Sous le slogan « Inventons la ville de demain », cette démarche portée par Numa et la Ville de Paris est présentée comme un accélérateur d’expérimentations.

Le but ? Tester des innovations autour de quatre thématiques : énergies et fluides, environnement, mobilités, bâtiments et espaces publics. Ces thématiques sont elles-mêmes déclinées en challenges plus ciblés. Pourquoi le nom « Data City » ? Parce que tout part de la constitution d’énormes bases de données et de la création d’outils informatiques innovants permettant de produire des analyses qu’on ne pourrait pas obtenir autrement.

Pour cette première édition, chaque challenge a été relevé par un binôme constitué d’un grand groupe et d’une start-up. Les équipes ont bénéficié d’un accompagnement technique et financier pendant plusieurs semaines pour consolider et tester leurs projets. Lorsque nous sommes allés à Numa en juin, les cinq binômes sélectionnés en début d’année s’apprêtaient à présenter les résultats de leurs travaux.

Deux des challenges ont particulièrement retenu l’attention de l’équipe « Mobilité » de CODRA, non seulement parce qu’ils font parfaitement écho aux frémissements évoqués plus haut mais aussi parce qu’ils ont réussi, semble-t-il, à constituer et exploiter des données qui font toujours défaut dans nos études.

Le premier de ces deux challenges s’est intéressé aux déplacements de proximité : Padam et Vinci Énergies ont proposé de tester des minibus dont les trajets s’adaptent à la demande en temps réel. Appliquée au 19e arrondissement de Paris, l’expérimentation a montré qu’un potentiel important existait pour des navettes de ce type, en complément des services de transports existants.

Le second porte sur l’analyse des usages pour préfigurer les espaces publics de demain. Place de la Nation, QuCit et Cisco ont installé des capteurs au sol et interviewé 14 000 piétons pour mieux connaître la façon dont ils vivent et perçoivent cet espace singulier et au-delà, pour en tenir compte dans le réaménagement de la place.

Deux exemples assez convaincants pour mieux comprendre et anticiper une demande en déplacement en bus ou à pied à petite échelle, de façon fiable et quasi-exhaustive.

Il n’en fallait pas plus pour nous donner plein d’idées et l’envie d’intégrer ces expérimentations à nos méthodes de travail. Déjà, les collectivités introduisent dans les cahiers des charges des études des attentes qui vont dans ce sens. Nous sommes convaincus que le contexte est favorable et même rend indispensable l’évolution de nos savoir-faire.

 

Camille Kertudo

Un grand merci à Alice Bonnet, de Numa, qui nous a accueillis le vendredi 03 juin dernier.