Nos études nous donnent l’occasion d’exploiter de nombreuses données pour objectiver nos analyses. Le plus souvent utilisés en phase diagnostic, ces éléments – qui peuvent être statistiques ou cartographiques – sont variablement déterminants dans la définition des enjeux, cela dépend des types de mission. Généralement produits par des organismes publics (INSEE, Météo France, etc.), ils peuvent également provenir de structures professionnelles ou associatives (chambres consulaires, syndicats, agences spécialisées, etc.) qui collectent en fonction de leur compétence une multitude d’informations. Toutes ces données nécessaires à nos réflexions nous aident à mettre en avant un état des lieux objectivé dans le but de se projeter dans le futur, en fonction des tendances observées. C’est l’essence même de notre métier.

Si l’on admet « qu’abondance de biens ne nuit pas », force est de constater que la tâche du bureau d’études peut parfois être rendue ardue en raison de certains dysfonctionnements dans la production de ces données. Voici quelques exemples auxquels nous pouvons être confrontés.

Premièrement, l’ancienneté de certaines données, lorsque leur mise à jour n’est pas effectuée fréquemment. C’est le cas, par exemple, du Recensement Général Agricole (RGA), dont la publication est diffusée tous les dix ans. Sur des territoires ruraux en pleine mutation, ce long intervalle nuit évidemment à la lecture de la situation.

Deuxième exemple, la confrontation de données issues d’organismes différents. C’est souvent le cas pour les thèmes qui regroupent plusieurs structures professionnelles, pour des thématiques telle que le tourisme (agence régionale, office de tourisme, syndicats professionnels, etc.). En fonction de la source, les chiffres publiés sont parfois divergents. Ces écarts n’aident pas à poser un diagnostic sûr et il est de ce fait fragilisé.

Troisième cas : les modalités de remontée de l’information diffèrent d’un recensement à l’autre. La comparaison dans le temps devient alors délicate.

l51_stat3Dans l’absolu, ces différentes situations ne devraient pas poser de problème majeur car la statistique n’est pas notre seule source d’analyse. En effet, à côté de ces traitements, nous recueillons aussi beaucoup d’éléments qualitatifs à l’occasion d’entretiens d’acteurs, de réunions collectives, d’auditions thématiques. Ainsi, les enjeux issus de notre diagnostic de la situation sont le fruit d’investigations multiples parmi lesquelles figure l’exploitation de statistiques, pour l’analyse desquelles il est toujours conseillé de prendre du recul.

Mais certaines évolutions législatives récentes exigent des évaluations régulières des différents documents de planification. En effet, en application du code de l’urbanisme[1], le Plan Local d’Urbanisme doit désormais effectuer l’analyse des résultats de son application neuf ans, au plus tard, après la délibération portant son approbation. Cela implique de disposer de données régulières, constantes et comparables. Les évaluations environnementales imposent également la mise en place d’indicateurs de suivi de plus en plus précis. Toutes ces démarches s’appuient donc de plus en plus sur des éléments statistiques qui en principe ne devraient pas être critiquables.

La périodicité de ces analyses, figée par la loi, peut ponctuellement être rendue délicate compte tenu de ce qui a été évoqué précédemment. La création de base de données fiables constitue désormais un véritable enjeu pour nos expertises.

Gilles Durand

[1] Article L123-12-1 du code de l’urbanisme