La revitalisation des centres-villes et centres-bourgs est d’actualité, bien que la problématique soit ancienne. Diverses initiatives ont vu le jour depuis 2014, de l’Appel à Manifestation « centres-bourgs » du CGET[1] au dispositif « centres-villes de demain » lancé en mars 2016 par la CDC[2] notamment. Si certaines collectivités ont acquis une expérience et une culture de projet, à l’image de Cahors ou de Nevers, de nombreux territoires, notamment plus ruraux, peinent à faire émerger un projet et passer à l’action, sous l’effet conjugué de la complexité du sujet, du déficit d’ingénierie dans ces territoires et des contraintes financières.

C’est en effet le constat que l’on peut faire sur le terrain, de même que celui d’un foisonnement de démarches. Ainsi, nos commanditaires sur la thématique des centres-bourgs peuvent être collectivités locales, Etablissements Publics Fonciers, bailleurs sociaux, services de l’Etat… Si l’investissement de ces acteurs va dans le bon sens pour le projet, il est aussi le signe d’un vide organisationnel jusqu’à présent en matière de conduite de projet. Pourtant, la prise en compte des évolutions négatives que connaissent les villes petites et moyennes est un enjeu majeur pour la cohésion sociale et territoriale.

Il apparait indispensable de structurer les démarches en faisant se rencontrer réponses nationale et locales. Au plan national, on imagine une Agence Nationale de la Revitalisation, à la manière de l’ANRU[3], qui fédèrerait les énergies, mettrait en réseau les expertises, capitaliserait les expériences, contribuant ainsi à structurer les projets. La question de leur financement reste cruciale. Frédéric Bonnet, dans son rapport « Aménager les territoires ruraux et périurbains »[4] propose une intégration au sein de l’ANRU. Yves Dauge, dans son rapport « Plan National en faveur des nouveaux espaces protégés »[5], préconise un plan national sur plus de dix ans, associant l’ANRU et l’ANAH[6], pour venir au chevet des villes déclarées « en urgence sociale et patrimoniale », par décret préfectoral. Gageons que ces propositions d’horizons différents aboutiront à la mise en place de moyens, d’une organisation lisible et efficace et d’une transversalité renforcée, pour ne pas se limiter à rénover le parc ancien.

Dans l’attente d’une telle éventualité, l’échelon local doit continuer de se manifester et de se structurer pour permettre l’émergence et le portage de projets. Comment rendre possible le passage à l’action et la pérenniser ? Telle est l’une des questions qui nous taraude et face à laquelle nous avons proposé, dans le cadre de l’élaboration du PDH[7] de l’Allier, la création d’un GIP[8] « revitalisation des centres-bourgs » à l’échelle départementale. Imaginé à partir des GIP de rénovation urbaine, il poursuit plusieurs objectifs. Outil de mutualisation des moyens techniques, il doit permettre de conforter l’ingénierie de projets pour une assistance plus efficiente aux porteurs de projets qui restent bien évidemment les élus. Ainsi une équipe de chefs de projet assurerait la conduite technique des différents projets de revitalisation du département. Elle fédèrerait les acteurs locaux (souvent les mêmes d’un projet à l’autre dans un département) et conseillerait les élus. Enfin, la création, nécessairement partenariale, d’un GIP est aussi un moyen de témoigner auprès des partenaires régionaux ou nationaux, de l’investissement local et de l’expertise acquise sur le sujet. C’est au fond un outil de marketing territorial. Certes, l’époque n’est pas à la création de structures supplémentaires. D’autres formules sont peut-être envisageables (centre de ressources, association, convention de partenariat, SCIC[9]…), à une condition : celle de l’engagement réel des acteurs pour conduire, dans la durée, l’action de revitalisation nécessaire. Près de quinze années de rénovation des quartiers d’habitat social nous ont enseigné cet impératif.

Claire Philippe

 


[1] Commissariat Général à l’Egalité des Territoires
[2] Caisse des Dépôts et Consignations
[3] Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine
[4] Remis au ministre du Logement, de l’Egalité des Territoires et de la Ruralité, le 7 janvier 2016
[5] Remis au Premier Ministre en février 2017
[6] Agence Nationale de l’Habitat
[7] Programme Départemental de l’Habitat
[8] Groupement d’Intérêt Public
[9] SCIC : société coopérative d’intérêt collectif