Nous évoquions, lors de numéros précédents de la Lettre de CODRA, la mutation rapide de l’emprise foncière, autrefois occupée par SANOFI, qui fait face à nos bureaux et nous permet de suivre un nouveau chantier. Celui-ci marque la deuxième mutation de ce secteur en trois décennies : rappelons-nous qu’au début des années 1990, le site abritait un parcellaire de maisons modestes. Après l’évolution du chantier et ses conséquences pour ses riverains, ce troisième épisode nous projette à l’intérieur du futur site.L61_hab2

Le Plan Local d’Urbanisme de la ville de Bagneux prévoyait sur ce site une opération mixte. C’est chose faite aujourd’hui puisqu’il accueillera, dans quelques semaines, trois agences d’architecture, en partie dans des bureaux réhabilités, des logements familiaux et d’autres destinés aux séniors ainsi que des logements étudiants. Au total, 23 000m² de surface de plancher de programmes mixtes répartis en trois pôles.

Cette opération est importante pour la commune, notamment en termes d’habitat, puisqu’elle contribue à répondre aux besoins en logements identifiés par le Programme Local de l’Habitat (PLH) et le Plan Métropolitain de l’Habitat et de l’Hébergement (PMHH). Ces documents de planification définissent un objectif de 360 logements par an à construire pour la ville de Bagneux. Bien que remplissant ses objectifs SRU[1] en affichant le taux de logements sociaux le plus élevé du territoire Vallée Sud Grand Paris, la commune poursuit les efforts pour l’accueil de ménages modestes, et ambitionne un objectif de production annuel de 90 logements sociaux dont 25% de PLAI, 50% de PLUS et 25% de PLS[2].

L’ancien site de SANOFI à Bagneux étant situé à proximité immédiate de services et de commerces et étant bien desservi, notamment par le RER B dont une station est à trois minutes à pied, il est apparu comme une opportunité foncière pour développer une offre de logements. Positionné au centre d’un nombre important d’équipements scolaires – écoles maternelles et primaires, collèges, lycées – et à proximité des établissements d’enseignement supérieur de Cachan, son emplacement a permis d’envisager une opération de logements destinée à l’accueil de différents publics et de concrétiser un projet ambitieux de mixité sociale en encourageant divers types de logements et modes d’habiter : colocation, espaces communs, jardins partagés…

Ainsi, un premier lot comptera 180 logements avec une répartition répondant à un principe de mixité : 30 logements sociaux, 109 logements en accession à la propriété, 20 en accession à prix encadrés, 2 lofts type ateliers et 19 logements adaptés aux séniors. Cette diversité s’accompagne de typologies différentes puisque seront proposés des logements allant du studio au 5 pièces duplex. La dominance de l’accession dans l’opération avec des niveaux de prestations diversifiés (duplex, logement avec jardin, loft, maison sur le toit, rooftop) a pour but de rééquilibrer le territoire qui compte aujourd’hui une majorité de locataires.

Afin de répondre à l’objectif de production de 12 000 logements étudiants à l’échelle de la Métropole du Grand Paris et aux besoins que génèrent les établissements d’enseignement supérieur basés à Cachan, un deuxième lot accueillera une résidence étudiante proposant 190 chambres, soit environ 220 lits, 170 studios et 19 logements en colocation. Cette offre répond à un choix de vie adopté par de nombreux étudiants et de plus en plus de jeunes actifs, soutenu par la hausse des loyers dans les grandes villes, la recherche de surfaces plus grandes et de liens sociaux. La colocation étant encore peu développée dans les nouveaux projets, cette opération sera l’occasion de juger de la pérennité de ce concept, aujourd’hui en plein essor.

Au-delà de la performance énergétique de l’opération, le projet met l’accent sur l’aspect paysager de l’opération avec des cœurs d’îlots verts et ouverts, favorables à la rencontre et à la convivialité, des toitures végétalisées mais aussi sur l’aspect connecté des logements, lui conférant une dimension nouvelle portée par un souci de développement durable, tout en lui conservant sa vocation première dédiée à l’habitat.

 

Anne Licois, Kristelle Delanoë


[1] Loi Solidarité et Renouvellement Urbain de 2000 dont l’article 55 impose aux communes de plus de 3 500 habitants dans une agglomération de plus de 50 000 habitants comprenant au moins une commune de 15 000 habitants de disposer d’au moins 20% de logements sociaux. Ce taux a été porté à 25% par la loi Duflot.

[2] Le logement social (ou HLM pour Habitat à Loyer Modéré) correspond à des logements construits avec des aides (subventions, prêts) pour pouvoir loger des personnes aux ressources modestes. Il est réparti en trois grandes catégories en fonction des plafonds de ressources des locataires. Les logements bénéficiant d’un financement important auront un niveau de loyer plus faible : le Prêt Locatif Aidé d’Intégration (PLAI) correspond à un loyer très social et s’adresse à des locataires en situation de précarité dont les revenus sont inférieurs à 60% des plafonds HLM. Le Prêt Locatif à Usage Social (PLUS) est le logement social « traditionnel » qui correspond à des ménages avec des revenus compris entre 60% et 100% des plafonds HLM. Le Prêt Locatif Social (PLS) correspond à du logement dans des zones où le marché est plus tendu avec des ressources (comprises entre 100% et 130% des plafonds HLM) et des niveaux de loyers plus élevés bien qu’inférieurs aux prix du marché.