L52_scot_abc

Notre invité est Claude Verne, Président de la Communauté de Communes du Val d’Amboise (37) et du Syndicat mixte du SCoT de l’Amboisie, du Blérois et du Castelrenaudais[1] (SCoT ABC). Dans cet entretien, il évoque les changements constatés dans l’exercice d’élaboration du SCoT, entre la démarche initiale que nous avions accompagnée entre 2004 et 2006, et sa révision dix ans après.

En tant que Président, quelles principales évolutions avez-vous constaté entre les deux exercices d’élaboration et de révision du SCoT ?

 

Le premier SCoT avait été porté avec une faible motivation politique et principalement tourné sur l’intérêt partagé « d’exister » entre Tours et Blois : cela manquait de dynamique positive. Il avait cependant permis de travailler ensemble, de mieux connaître nos fragilités et atouts.

La révision du SCoT bénéficie d’une posture beaucoup plus positive, autour d’un projet, et non plus défensive. Il y a également moins de doute et de méfiance vis-à-vis du SCoT : la révision est portée par des élus connaissant l’outil, plus impliqués, avec de vraies compétences.

Nous avions à l’époque, et avec vous, anticipé les lois Grenelle. De façon générale, on peut aussi affirmer que le fait d’avoir un SCoT a facilité le travail de révision et la prise en compte des lois ALUR et autres exigences nouvelles. Même s’il a fallu être vigilant pour parfois ne pas revoir à la baisse nos ambitions.

Cela signifie-t-il que de nouvelles difficultés sont apparues ?

En effet, l’exercice SCoT 2014-2016 est marqué par les contraintes budgétaires, qui pèsent au quotidien sur les élus, les bridant même dans leurs réflexions. Et les documents d’urbanisme sont encore vus, parfois, comme une chape de plomb et non pas comme un outil au service d’un projet.

En revanche, une évolution très positive est intervenue : notre nouveau SCoT sera traduit non pas dans quarante-cinq PLU mais dans trois PLUI ! Cela change tout : les élus sont rassurés par le travail de leurs PLUi (engagés) et la cohérence avec le SCoT sera facilitée. Pour preuve, en l’absence de vigilance des services de l’Etat, le SCoT précédent n’avait été traduit que dans moins de la moitié des documents d’urbanisme locaux : des POS ou PLU incompatibles avec le SCoT de 2006 ont continué de s’appliquer pendant plus de dix ans !

Y a-t-il un domaine de l’aménagement du territoire ABC qui a particulièrement évolué depuis le premier SCoT ?

Indéniablement le domaine économique ! La logique du « chacun pour soi » dominait dans le premier SCoT qui a été un élément déclencheur vers plus d’échanges entre services économiques du territoire ABC et entre élus, en transparence et en complémentarité. Il n’y a plus de concurrence et nous gérons au mieux les différents potentiels fonciers sur ABC en fonction des demandes.

Aujourd’hui, la révision du SCoT et les trois PLUi permettent d’aller plus loin dans la définition de notre stratégie : heureusement car il est essentiel d’équilibrer notre attractivité résidentielle avec le développement de l’emploi et la lutte contre la précarité économique des ménages.

En revanche, nous sommes aujourd’hui sous-équipés en moyens humains et techniques (un SIG[2] par exemple) pour exercer notre rôle en matière d’aménagement du territoire, notamment pour traiter l’urbanisme. L’échelle communale est dépassée pour se doter d’une ingénierie multi-compétences ; nos efforts de mutualisation des services et équipements collectifs devront s’appuyer sur des logiques intercommunales ou intercommunautaires voire à l’échelle du SCoT.

 Selon vous, quels seront les enjeux des prochaines années ? Qu’est-ce que le SCoT 2023 aura à prendre en compte, plus que ses prédécesseurs ?

De façon certaine, la mutualisation des équipements : cette question aurait dû être posée depuis plusieurs années pour la réalisation d’équipements structurants et de proximité. A titre d’exemple, des stades et des salles polyvalentes de petites communes sont abandonnés, faute de moyens pour les entretenir, les mettre aux normes…

Probablement aussi l’aménagement commercial et la mobilité, mais à partir du moment où il s’agira, dans les deux cas, de compétences des communautés de communes.

Et peut-être aurons-nous, à périmètre égal, moins de quarante-cinq communes. Je pense que les communes nouvelles sont l’avenir des petites communes rurales. Il y a une vraie volonté politique, mais un important besoin de pédagogie auprès des habitants !

En cette nouvelle année, avez-vous un vœu à formuler pour vous accompagner au mieux dans la mise en œuvre du SCoT ABC 2017 ?

Oui : une vraie pause dans les modifications des périmètres des EPCI et dans les évolutions législatives générant des contraintes pour les collectivités ! Les élus ont besoin de temps pour travailler ensemble et mettre des actions sur pied, notamment pour construire des services communs. Donc souhaitons-nous de la stabilité à grande échelle, pour pouvoir bouger et agir avec efficacité sur nos territoires !

 

Propos recueillis par Catherine Brown, directrice d’études

 

[1] SCoT ABC : 45 communes à l’est de Tours, autour des trois villes d’Amboise, Bléré-sur-Cher et Château-Renault.

[2] Système d’Information Géographique